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Chronique d’un citoyen sous délestage

Délestage à madagascar

À Antananarivo, ma journée commence souvent… dans le noir. 5h30 du matin : première coupure. Puis 9h tout juste avant de commencer à travailler, 12h… 14h, et 20h avant de dormir. Comme une routine absurde que même l’habitude peine à digérer. Entre-temps, l’eau de robinet de plusieurs contribuables aussi décide parfois de disparaître. Parfois deux jours. Parfois des mois.

Et dans ce noir, dans ce silence de frigo éteint, de route non éclairée et en voyant des bidons jaunes à la queue leu leu devant une pompe publique, je repense à mes séjours à l’étranger.

Là-bas, l’électricité n’est pas un luxe. Elle ne sert pas juste à charger un téléphone en vitesse entre deux coupures. Elle est la base silencieuse de chaque journée : les feux de circulation fonctionnent, les commerces tournent, les enfants révisent le soir, les hôpitaux respirent, les frigos conservent, et la vie… avance.

Là-bas, l’eau ne se stocke pas dans des bidons qu’on traite avec suspicion. Elle coule, propre et fidèle, sans menace invisible de microbes ou de pénurie. L’eau potable est même accessible à chaque coin de rue.

Et pourtant, ici, j’entends parfois :
« L’herbe n’est pas plus verte ailleurs. »
« Mieux vaut être pauvre chez soi qu’à l’étranger. »

Mais moi, je vous le dis avec le cœur et l’expérience : l’herbe est peut-être moins verte ici… parce qu’on n’a plus d’eau pour l’arroser.

Aimer son pays ne signifie pas fermer les yeux sur ce qui ne va pas. Ce n’est pas une trahison de reconnaître qu’ailleurs, les droits fondamentaux – eau, électricité, dignité- sont mieux respectés. Ce n’est pas une honte de vouloir mieux. Ni ici, ni ailleurs.

Je ne rêve pas de luxe.

Je rêve d’un jour où avoir de l’eau et du courant ne sera plus un privilège, mais simplement… normal.
Il vous a promis la fin du délestage en trois mois… et maintenant vous n’avez pas même droit à un fly over. Et vous rêvez encore de faire Tana Tamatave en 4h dans 5 ans.

Naivo Ratsifehera

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