Le Tapis Mohair de Madagascar incarne un savoir-faire artisanal rare qui trouve ses racines dans une région isolée et aride, au sud-ouest de la Grande Île, autour d’Ampanihy. Les tisserands de cette localité ont longtemps produit un article de luxe, fait à la main, reconnu pour sa douceur, sa résistance et sa valeur esthétique. Aujourd’hui, la matière première, issue de la chèvre angora introduite depuis l’Afrique du Sud et l’Amérique du Sud, fait défaut, provoquant la disparition presque totale de la filière. Pourtant, ce produit permettait aux habitants d’Ampanihy de subvenir à leurs besoins en assurant une croissance économique locale, stable et durable.
Le Tapis Mohair de Madagascar mérite une attention soutenue, non seulement pour son histoire, ses procédés de fabrication et ses qualités, mais aussi pour les défis concrets que posent la raréfaction de la chèvre angora, l’absence de programme de réintroduction piloté par le ministère de l’Élevage, ou la nécessité d’une amélioration génétique.
Historique du Tapis Mohair de Madagascar
Les premières heures du Tapis Mohair de Madagascar remontent aux années 1950 et 1960, à Ampanihy, où des Maisons Mohair prospéraient. À cette époque, les artisans fabriquaient un tapis typique, de la même façon que le tapis persan incarne un symbole pour les Iraniens. Les tisserands malgaches choisissaient la laine de chèvre angora, introduite depuis l’Afrique du Sud et l’Amérique du Sud, et l’utilisaient, non pas pour l’habillement ou l’équipement des skieurs dans les pays froids comme ailleurs, mais pour la confection manuelle de ce tapis.
Le Tapis Mohair de Madagascar connaissait un âge d’or, et la réalisation d’un mètre carré nécessitait un mois de travail assidu, sans recours à la machine. Cette époque faste, soutenue par des structures comme La Maison Mohair, ne durait pas, et la filière entrait progressivement dans une phase de déclin durant les années 1970 et 1980, avant de retrouver un certain essor dans les années 1990 et 2000.
Ancrage géographique
Le Tapis Mohair de Madagascar s’ancre profondément dans la région d’Ampanihy, une localité située au sud-ouest de l’île, à la frontière des pays Mahafaly et Antandroy. Ce petit bourg, réputé pour son climat aride, se situe à plus de 1 000 km d’Antananarivo, loin des centres urbains et des infrastructures de transport modernes. Les tisserands travaillent dans des conditions difficiles, sans services sanitaires décents, et subissent de fréquentes sécheresses. Ils trouvent néanmoins la motivation nécessaire pour perpétuer ce savoir-faire.
Au fil du temps, d’autres localités comme Ampefiloha, ou le camp de la gendarmerie à Sanfily Toliara, tentent de diffuser des tapis, mais sans égaler la qualité originelle. Le Tapis Mohair de Madagascar reste donc lié à son terroir, Ampanihy, où la fibre artisanale se transmet de mère en fille, et où la laine de chèvre angora permettait autrefois une production locale reconnue.
Caractéristiques des chèvres angora
Le Tapis Mohair de Madagascar dépend de la qualité de la chèvre angora, un animal introduit dans la Grande Île en provenance d’Afrique du Sud et d’Amérique du Sud. Cette race fournit une laine soyeuse, légère, sans poils lourds ni incongrus, idéale pour créer un tapis de luxe. Les chèvres doivent respecter des tontes biannuelles, et leurs fréquences de portée varient entre six et huit mois. Une seule chèvre angora coûte environ 150 euros, et une centaine de têtes suffirait pour relancer la filière.
Mais depuis une décennie, le manque de disponibilité de cette laine se fait cruellement sentir. La chèvre angora disparaît d’Ampanihy, remplacée par des races métissées dont la toison manque de qualité. Le Tapis Mohair de Madagascar subit ainsi les conséquences de ce problème, et les artisans peinent à obtenir une laine satisfaisante.
Techniques artisanales de fabrication du Tapis Mohair de Madagascar
- Les artisans élaborent le Tapis Mohair par un nouage intégralement manuel. Ils nouent environ 70 000 nœuds par mètre carré, ce qui exige un mois complet de travail pour obtenir une seule pièce. Chaque tapis se distingue par une qualité exceptionnelle, une hauteur de brin d’environ 13 mm, une douceur et une résistance notables.
- Les teintures, entièrement végétales, proviennent de plantes endémiques collectées en brousse.
- Les artisans sélectionnent des feuilles, des écorces et des racines pour en extraire des pigments naturels. Ils cuisent les poils dans de grandes marmites, sans aucun additif chimique, puis les font sécher avant de les enrouler, puis de les tresser.
Le résultat prend la forme d’un produit unique, chaque tapis semblant porter la signature de son créateur.
Le rôle des teintures végétales dans le Tapis Mohair
Les teintures végétales symbolisent l’authenticité du Tapis Mohair. Les artisans extraient les couleurs des plantes locales, endémiques, collectées dans la brousse autour d’Ampanihy. Ces teintes naturelles expriment la culture Antandroy et Mahafaly, inspirent des motifs uniques, parfois dissimulés dans les reflets, l’éclat et la lumière du tapis. Les volumes et perspectives obtenus résultent d’un long travail de recherche et d’expérimentation.
Les tisserands doivent tester sans relâche de nouvelles couleurs, en tenant compte des saisons, car les pigments varient selon la disponibilité des végétaux. Les tapis produits dans les années 1950 ou 1960 présentaient ainsi une identité forte, qui persistait au début des années 2000. Chaque Tapis Mohair de Madagascar demeure une œuvre d’art, un reflet du terroir et de la tradition.
Nettoyage du Tapis Mohair de Madagascar
Le Tapis Mohair de Madagascar nécessite un entretien soigné afin de préserver sa douceur, sa brillance et ses motifs délicats. Les habitants d’Ampanihy ont développé des méthodes simples et efficaces pour entretenir ces pièces uniques. Ils utilisent un brossage délicat et évitent les produits agressifs.
L’application d’un procédé minutieux s’avère essentielle. Le nettoyage de tapis mohair tout comme le lavage de tapis en laine prend du temps, exige un geste doux et contrôlé. L’environnement local, aride, impose une protection du tapis contre la poussière. Les artisans recommandent d’éviter l’humidité et de veiller à ce que le processus ne détériore ni la laine, ni les teintures végétales.
Difficultés d’approvisionnement en laine pour le Tapis Mohair de Madagascar
Les tisserands d’Ampanihy rencontrent depuis plus de dix ans d’importantes difficultés pour se procurer la laine de chèvre angora indispensable au Tapis Mohair de Madagascar. Le métissage des races caprines provoque une disparition progressive de l’angora, et la matière première de qualité diminue.
Certains artisans importent la laine depuis d’autres régions ou même d’autres pays. D’autres se contentent de laine de moindre qualité, obtenue de chèvres locales. Cela provoque une baisse de la valeur du tapis sur le marché.
Les tisserands s’adaptent tant bien que mal, mais les pièces ainsi réalisées deviennent lourdes, incongrues, parfois allergisantes, et n’offrent plus l’aspect lisse tant recherché. Le produit d’antan se raréfie et place le Tapis Mohair de Madagascar dans une situation précaire.
Tentatives de revalorisation du Tapis Mohair à Madagascar
Certains acteurs encouragent l’introduction de chèvres angora d’Afrique du Sud, l’amélioration génétique, ainsi que la création d’une chaîne intégrée. Les éleveurs devraient respecter les tontes biannuelles, les fréquences de portée, et assumer un rôle complet, de l’élevage à la commercialisation, en passant par le tissage. Cette mini-industrie trouverait un marché non saturé, tant sur le plan national qu’international.
Des associations, comme l’association Vehivavy Atsimo Miasa (VAM) à Ampanihy, rappellent l’impact positif de ce tapis sur l’économie locale. Le Tapis Mohair de Madagascar pourrait ainsi redevenir un fleuron de l’artisanat, tout en offrant un revenu stable à des centaines de personnes.
Importance culturelle du Tapis Mohair à Madagascar
Le Tapis Mohair de Madagascar incarne plus qu’un simple objet de décoration. Il représente un héritage culturel profondément ancré dans le terroir d’Ampanihy, dans la région Atsimo Andrefana, et reflète la créativité des femmes tisserandes. La transmission du savoir-faire de mère en fille, l’utilisation de teintures végétales issues de la flore endémique, les motifs inspirés de la culture Antandroy et Mahafaly, renforcent cette identité. Ce tapis rejoint les symboles majeurs de l’artisanat national.
Des expositions, comme celle tenue à l’Is’art galerie, à Ampasanimalo, témoignent de son prestige passé et de sa renommée internationale. Les amateurs d’art l’apprécient comme une œuvre unique, fruit d’une collaboration entre la tradition locale et des influences extérieures.