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Les forêts humides de l’Atsinanana à Madagascar retirées de la liste du patrimoine mondial en péril

Forêts humides de l'Atsinanana à Madagascar

Le 9 juillet 2025, lors de la 47e session du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO à Paris, une décision majeure a été prise : les forêts humides de l’Atsinanana à Madagascar ont été officiellement retirées de la liste du patrimoine mondial en péril. Cette annonce, saluée par la communauté internationale, marque l’aboutissement de plus d’une décennie d’efforts de conservation et de mobilisation nationale et internationale autour de l’un des joyaux écologiques de la planète.

 

Les forêts humides de l’Atsinanana : un trésor naturel unique

Inscrites en 2007 sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, les forêts humides de l’Atsinanana s’étendent sur plus de 479 000 hectares à travers six parcs nationaux dans l’est de Madagascar. Elles abritent une biodiversité exceptionnelle, dont de nombreuses espèces endémiques, notamment plusieurs espèces de lémuriens, des oiseaux rares, des amphibiens et une flore unique au monde.

Ces forêts jouent un rôle fondamental dans la régulation du climat, la protection des sols et la préservation de la diversité génétique. Elles sont considérées comme l’un des derniers refuges pour de nombreuses espèces menacées, ce qui leur confère une valeur universelle exceptionnelle.

 

Pourquoi les forêts de l’Atsinanana étaient-elles en péril ?

En 2010, l’UNESCO avait placé les forêts humides de l’Atsinanana sur la liste du patrimoine mondial en péril. Cette décision faisait suite à des menaces croissantes :

  • Exploitation forestière illégale, notamment le trafic de bois précieux comme le bois de rose et l’ébène.
  • Déforestation massive due à l’agriculture sur brûlis et à l’expansion des cultures.
  • Chasse et braconnage mettant en danger les espèces emblématiques, dont plusieurs lémuriens.
  • Manque de moyens pour la gestion et la surveillance des parcs.

Ces pressions avaient gravement compromis l’intégrité écologique du site et mis en danger sa valeur universelle.

 

Une mobilisation exemplaire pour la sauvegarde du site

Face à l’urgence, le gouvernement malgache, en collaboration avec des partenaires internationaux (UNESCO, IUCN, ONG locales et internationales), a mis en place une série d’actions structurantes :

  • Renforcement des capacités de surveillance et de gestion des parcs nationaux.
  • Lutte accrue contre l’exploitation illégale du bois, avec l’appui des forces de l’ordre et la mise en place de sanctions plus sévères.
  • Programmes de sensibilisation auprès des communautés locales pour promouvoir des pratiques agricoles durables et alternatives.
  • Développement d’écotourisme responsable pour générer des revenus alternatifs et valoriser le patrimoine naturel.

Les populations riveraines ont été associées à la gestion des ressources et à la surveillance des sites. Leur implication a permis d’améliorer la détection des activités illégales et de favoriser l’appropriation locale des enjeux de conservation.

L’UNESCO, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) et d’autres partenaires ont apporté un soutien technique, financier et logistique. Des formations, des équipements et des financements ont permis de professionnaliser la gestion des aires protégées et de renforcer la résilience des écosystèmes face aux pressions humaines.

 

Les résultats : une renaissance écologique saluée par l’UNESCO

Après plus de dix ans d’efforts soutenus, les indicateurs écologiques se sont améliorés de manière significative :

  • Diminution notable de l’exploitation illégale du bois dans les zones protégées.
  • Recolonisation de certaines zones par des espèces rares, témoignant d’une restauration des habitats.
  • Amélioration de la gouvernance locale et de la participation communautaire.
  • Développement de projets pilotes d’écotourisme et d’agriculture durable.

C’est sur la base de ces avancées que l’UICN a recommandé, puis que l’UNESCO a acté, le retrait des forêts humides de l’Atsinanana de la liste du patrimoine mondial en péril lors de la session de 2025.

 

Un message d’espoir pour Madagascar et l’Afrique

La directrice générale de l’UNESCO, Audrey Azoulay, a salué « une grande victoire pour Madagascar, pour l’Afrique et pour le patrimoine mondial de l’humanité ». Elle a souligné que cette réussite démontre la capacité des États et des communautés à inverser la tendance, même face à des menaces majeures, lorsque la volonté politique, l’engagement communautaire et le soutien international sont réunis.

Le cas malgache sert désormais de modèle pour d’autres sites africains et mondiaux confrontés à des défis similaires. Il illustre l’importance de la coopération internationale, de la mobilisation locale et de l’innovation dans les stratégies de conservation.

Lors de la même session, deux autres sites africains ont été retirés de la liste en péril :

  • Abu Mena en Égypte, site archéologique chrétien menacé par la montée des eaux souterraines.
  • La vieille ville de Ghadamès en Libye, victime de conflits armés, d’incendies et d’inondations.

Leur retrait témoigne également d’avancées notables en matière de restauration et de préservation du patrimoine africain.

 

Les défis à venir pour Madagascar pour les forêts humides de l’Atsinanana

Si le retrait des forêts humides de l’Atsinanana de la liste en péril est une étape majeure, il ne marque pas la fin des défis. Les pressions sur les forêts malgaches demeurent, notamment en raison de la pauvreté, de la croissance démographique et du changement climatique.

La valorisation du patrimoine naturel peut devenir un moteur de développement pour Madagascar, à condition de concilier conservation et amélioration des conditions de vie des populations. L’écotourisme, la recherche scientifique et la valorisation des savoirs locaux sont des pistes prometteuses.

Forêts humides de l'Atsinanana à Madagascar
Forêts humides de l’Atsinanana à Madagascar – patrimoine mondial de l’UNESCO

 

Quelques sources pour aller plus loin

Cet article s’appuie sur les informations issues des communiqués de l’UNESCO, de l’UICN, ainsi que des médias spécialisés sur le patrimoine mondial et la conservation à Madagascar.

  1. Mathrubhumi English
    UNESCO removes 3 African sites from World Heritage danger list amid conservation successes [en ligne]. Disponible sur : https://english.mathrubhumi.com/news/world/unesco-removes-3-african-sites-from-world-heritage-danger-list-amid-conservation-successes-wauo2az8 (consulté le 10 juillet 2025).
  2. IUCN
    Rainforests of Atsinanana, Madagascar removed from List of World Heritage in Danger [en ligne]. Disponible sur : https://iucn.org/press-release/202507/rainforests-atsinanana-madagascar-removed-list-world-heritage-danger (consulté le 10 juillet 2025).
  3. NDTV
    UNESCO Removes 3 African Sites From World Heritage In Danger List [en ligne]. Disponible sur : https://www.ndtv.com/world-news/unesco-removes-3-african-sites-from-world-heritage-in-danger-list-8852377 (consulté le 10 juillet 2025).
  4. UNESCO
    Trois sites du continent africain retirés de la Liste du patrimoine mondial en péril [en ligne]. Disponible sur : https://www.unesco.org/fr/articles/trois-sites-du-continent-africain-retires-de-la-liste-du-patrimoine-mondial-en-peril (consulté le 10 juillet 2025).
  5. Wikipédia
    Liste du patrimoine mondial à Madagascar [en ligne]. Disponible sur : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_du_patrimoine_mondial_à_Madagascar (consulté le 10 juillet 2025).
  6. India TV News
    UNESCO applauds Africa: Three sites removed from World Heritage in Danger List – Rainforests Atsinanana Madagascar, Abu Mena Egypt, Ghadames Old Town Libya [en ligne]. Disponible sur : https://www.indiatvnews.com/news/world/unesco-applauds-africa-three-sites-removed-from-world-heritage-in-danger-list-rainforests-atsinanana-madagascar-abu-mena-egypt-ghadames-old-town-libya-2025-07-10-998214 (consulté le 10 juillet 2025).
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