Aller au contenu

Royaume Mahafaly et peuple Mahafaly

Dans le sud‑ouest de Madagascar s’étend un plateau calcaire aride compris entre les fleuves Onilahy et Menarandra. Ce territoire semi‑désertique abrite depuis plusieurs siècles une population qui a su s’y adapter : les Mahafaly. Le nom même de cette ethnie a longtemps intrigué les voyageurs. Pour certains linguistes, il signifie « ceux qui rendent sacré » ou « ceux qui rendent heureux », deux interprétations révélatrices de la place que tiennent la religion et l’ancestralité dans leur vie quotidienne.

La littérature ethnographique souligne également que cette désignation provient de l’extérieur : les habitants de la région préfèrent se définir selon leurs lignées familiales ou leurs alliances, tandis que le terme « Mahafaly » leur a été attribué par d’autres groupes ou par les premiers colons. À ce jour, environ 150 000 personnes se réclament de cette appartenance.

L’écriture de leur appellation peut varier selon les sources. Parmi les retenues il y a Mahafale, Mehafaly ou encore Mahafaly et Mahafali.

L’implantation des Mahafaly dans le sud‑ouest remonterait au XIIᵉ siècle, lorsque des migrants venus du sud‑est de l’Afrique ont accosté l’île et s’y sont installés. Ils y ont développé une économie fondée sur l’élevage de zébus, l’agriculture et l’artisanat. Bien que le site soit isolé et frappé par des sécheresses récurrentes, les Mahafaly ont créé un système social sophistiqué, une architecture funéraire originale et un art des tombes qui fascine encore aujourd’hui les voyageurs.

 

Histoire du royaume Mahafaly

Territoire et environnement des Mahafaly

Les Mahafaly, une parmi les ethnies rencontrées à Madagascar, se sont établis sur l’immense plateau bordant la côte Sud-Ouest entre les grands fleuves d’Onilahy et de Menarandra. Le plateau qui porte leur nom est formé d’un socle calcaire fissuré, ponctué de canyons, de forêts épineuses et de savanes. Le climat du sud de Madagascar est aride : les vents dessèchent la région et les pluies y sont rares. La végétation s’est adaptée à cette sécheresse ; on y trouve des euphorbes, des baobabs et des aloès, plantes à la fois nourricières et utilitaires.

La géographie de Madagascar distingue cinq grandes régions : la côte orientale tropicale, la région montagneuse du Tsaratanana, les hautes terres centrales, la côte occidentale et le sud‑ouest. C’est dans cette dernière, délimitée par le massif d’Ivakoany et le massif isalo, qui se situe le plateau Mahafaly. L’absence de grands centres urbains et l’éloignement des autres populations ont permis aux Mahafaly de préserver leurs traditions. À la différence des hautes terres verdoyantes, la région est marquée par un paysage de savane et de désert, d’où l’importance de l’élevage transhumant et de la gestion collective des pâturages.

Vie quotidienne dans le Royaume Mahafaly
Vie quotidienne dans le Royaume Mahafaly

Origine et évolution historique

La tradition orale rapporte qu’Olombetsitoto et Andrianalimbe figurent parmi les principaux ancêtres des populations formant cette ethnie. L’histoire attribue plusieurs origines aux rois ayant régné dans cette ethnie depuis sa création. Ainsi faut-il noter que certains rois appartinrent à la dynastie de Maroserana.

Ces ancêtres mythiques auraient guidé les premiers Mahafaly vers le plateau et leur auraient transmis des règles de vie communautaires. Les migrations ultérieures ont contribué à la formation de groupes alliés. Au XVIᵉ siècle, Le royaume Mahafaly naquit vers le 16e siècle à l’instigation du roi Olombelotsitoto. Cet État se structure alors autour d’un monarque (mpanjaka) qui détient le pouvoir politique et religieux.

Certains Mpanjaka eurent aussi des liens avec les territoires/ethnies voisins, dont les Maroserana Sakalava et l’Anosy.Cette alliance avec la dynastie Maroserana inscrit les Mahafaly dans la dynamique régionale. Les Sakalava sont en effet une grande confédération de chefs qui contrôlèrent la côte ouest et les grands royaumes du Sud   étendirent leur influence jusqu’à la région Mahafaly à partir du XVIIᵉ siècle.

Une page d’histoire rappelle d’ailleurs que le vrai fondateur de l’empire sakalava, Andriamisara, et ses successeurs soumirent les chefs du sud, notamment dans la zone Mahafaly, avant que leur empire ne se scinde.

Par la suite, Les royaumes Mahafaly, avec ceux de Masikoro et de Karimbola, firent partie des grands royaumes du Sud. Ces entités politiques, créées autour du XVIᵉ siècle, coexistent avec d’autres royaumes comme ceux des Bara ou des Antandroy. Tout comme le royaume Bara, ces royaumes furent créés autour du 16e siècle. La présence de plusieurs monarchies en une même région témoigne de la densité des populations et de la diversité des cultures dans le sud de Madagascar. Les luttes pour le contrôle des cours d’eau et des terres fertiles sont constantes.

Vers le 17e siècle, le roi Mahafaly Andriamasilalina conclut un traité avec Luis Mariano. Ce traité, conclu avec le missionnaire jésuite espagnol Luis Mariano en 1613, reflète les contacts précoces entre les rois du Sud et les missionnaires européens. Bien que peu d’études anglophones existent sur cet épisode, les sources indiquent que cette rencontre eut lieu dans la baie d’Androka et que le roi mahafaly refusa toute soumission, car la parole royale ne pouvait être échangée contre des biens étrangers.

À préciser que le 17e siècle fut marqué par les alliances et les conflits entre les puissances locales afin de contrôler les cours d’eau et les terres fertiles.

Au XVIIᵉ siècle, les alliances alternent avec les conflits : Ainsi vers 1649, le roi Bara Andriamanely lança une expédition contre le roi Mahafaly Andriandravalo. Ce type de raids était fréquent dans la région ; ils visaient à assurer l’accès aux pâturages et à l’eau, ressources vitales dans le sud.Mais malgré les divergences, les royaumes Mahafaly surent se faire respecter par ses voisins, dont les Masikoro, les Bara, les Antandroy et les Antanosy jusqu’à la fin du 19e siècle.

Malgré ces tensions, les Mahafaly réussirent à maintenir leur autonomie jusqu’à la fin du XIXᵉ siècle, ils surent également s’adapter à la situation difficile de l’époque en ne pillant que les navires qui échouèrent sur la côte. L’économie littorale reposait en partie sur le butin récupéré des épaves, pratique mentionnée par certains voyageurs européens.

À la fin du XIXᵉ siècle, la colonisation française bouleverse l’ordre ancien. Le royaume Mahafaly disparaît en tant qu’entité politique autonome, mais les structures sociales et les coutumes demeurent. Les historiens considèrent aujourd’hui que ces anciens royaumes représentent une richesse historique inestimable pour Madagascar : autrefois royaumes méconnus, les royaumes de Mahafaly représentent actuellement une richesse historique hors prix pour Madagascar.

 

Organisation sociale et structure politique des Mahafaly

Les Mahafaly se caractérisent par une organisation patriarcale rigoureuse. La société est divisée en groupes de parenté hiérarchisés. Les hommes ont l’obligation de demeurer à proximité de leur père et de leurs frères, tandis que les femmes s’installent dans le village de leur mari. La cellule de base reste le foyer composé du père, de la mère, des enfants et parfois de membres âgés.

Père et Fils Mahafaly
Père et Fils Mahafaly

Cette unité est responsable des cérémonies familiales comme les mariages ou les soins aux malades. Les relations au sein du foyer sont gérées par l’aîné masculin, détenteur du pouvoir économique et rituel.

Au‑delà de la famille nucléaire, l’appartenance à des groupes plus larges, appelés foko , joue un rôle essentiel. Un foko rassemble les descendants d’un ancêtre commun encore vivant et se réunit pour soutenir un membre malade ou organiser des funérailles. Il existe aussi le « tariha », qui regroupe les descendants d’une lignée masculine. Le plus ancien des membres masculins officie les sacrifices aux ancêtres lors de cérémonies de purification et d’alliance.

Historiquement, la société était divisée en trois classes : les renilemy (descendants des chefs fondateurs), les valohazomanga (roturiers) et les folahazomanga (migrants récents). Ces statuts découlaient du degré de proximité avec la dynastie maroserana. Le roi (mpanjaka) détenait un pouvoir sacré et assurait la médiation entre le monde des vivants et des ancêtres. Autour de lui se trouvaient le conseiller (ombiasy), détenteur des savoirs magiques, et le prêtre (mpisoro), chargé des sacrifices d’animaux. La distinction sociale s’exprimait aussi par le port d’un grand javelot en fer (beraha), réservé aux chefs de clans et au souverain.

Une particularité de l’identité Mahafaly est qu’elle est davantage fondée sur la filiation que sur l’appartenance à un groupe ethnique unique. Les habitants se définissent plutôt par leurs liens de parenté ou par leur appartenance à un clan que par l’étiquette « Mahafaly », qui leur a été imposée de l’extérieur.

 

Économie : élevage, agriculture et artisanat des Mahafaly

Les Mahafaly vivent principalement de l’agriculture et de l’élevage. Les Mahafaly, bien que ne possédant pas une technique avancée, se lancèrent dès leur installation sur la partie sud de l’île dans la culture

Ces peuples pasteurs s’adonnèrent à l’agriculture. Ils vivent essentiellement des récoltes de manioc, de maïs, de figues, mais aussi de tubercules sauvages. Le manioc et le maïs constituent la base de leur alimentation, tandis que la culture des figuiers et la collecte de racines sauvages complètent l’apport en vitamines et en eau.

Parallèlement à ces cultures, l’élevage du zébu occupe une place centrale. Le zébu est un symbole de richesse et de noblesse ; il représente à la fois la vie et le lien entre les vivants et les ancêtres. Les hommes conduisent les troupeaux à travers les pâturages du plateau selon un calendrier de transhumance. Les zébus servent de dot lors des mariages et constituent la principale monnaie d’échange pour acheter des aloalo ou des matériaux de construction funéraire.

À côté de l’élevage, les Mahafaly cultivent le coton depuis le XVIᵉ siècle et pratiquent le tissage. La filature du coton produit des vêtements traditionnels et des linceuls funéraires. Dans son étude sur les arts textiles malgaches, Alexander Bortolot rappelle que le coton, cultivé depuis le XVIᵉ siècle, était utilisé pour fabriquer des tissus fonctionnels et cérémoniels par les tisserands sakalava et Mahafaly. Les Mahafaly confectionnaient des pagnes, des sacs et des couvertures, et utilisaient parfois la soie sauvage pour des étoffes destinées aux nobles. L’ethnie pratique également le tressage de paniers, la vente de charbon de bois, la collecte de miel et l’élevage de petits animaux.

 

Religion Mahafaly : croyances et tabous (fady)

La religion du royaume Mahafaly est fondée sur la vénération des ancêtres (razana). La croyance selon laquelle les morts agissent en médiateurs entre le Créateur (Zanahary ou Andriamanitra) et les vivants est commune à de nombreux groupes malgaches. Tout manquement aux prescriptions ancestrales est susceptible de provoquer maladies, sécheresses ou malheurs. Les ancêtres sont honorés lors de sacrifices, de fêtes et de rituels d’enterrement et d’exhumation.

Cette vénération s’accompagne de nombreux interdits, appelés fady. Les femmes ne peuvent pas boire dans la même coupe que leur époux ni s’asseoir sur la même natte. Il est interdit de se tenir debout pour parler au roi, preuve de respect. Dans l’ancien temps, il était défendu aux étrangers blancs de pénétrer le territoire ; la transgression de cette règle entraînait la mort du chef responsable. Le souverain pouvait également interdire des mots ; dès lors, personne ne devait plus les prononcer. Ces tabous contribuent à maintenir l’ordre social et à rappeler l’autorité des ancêtres et du roi.

 

Mahafaly : rites funéraires et art des tombes

La célébrité du royaume Mahafaly tient en grande partie à l’art funéraire. Depuis toujours, les Mahafaly attachent une importance particulière à l’art funéraire comme en témoignent les nombreux tombeaux ornés d’Aloalo dans cette partie sud de Madagascar. L’aloalo est un poteau funéraire en bois sculpté qui surmonte les tombes familiales.Le terme vient du mot alo, qui signifie messager ou intermédiaire. Chaque aloalo sert de lien entre le monde des vivants et celui des morts.

Tombeau Mahafaly
Tombeau Mahafaly

Les tombes Mahafaly sont érigées hors des villages ; il n’existe pas de cimetière central.Les tombes sont construites à l’endroit choisi par un homme de son vivant et qu’il peut falloir plusieurs semaines pour les achever. Le corps est conservé jusqu’à l’achèvement de la tombe. Le sommet des tombes est décoré de cornes de zébu, dont le nombre indique le nombre d’animaux sacrifiés lors des cérémonies. Ces cornes témoignent de la richesse et du rang du défunt. Les tombes Mahafaly se distinguent également par des aloalo d’environ 1,5 mètre de haut qui représentent des scènes de la vie quotidienne.

En général, la tombe du plus ancien ancêtre est placée au sud du groupement funéraire, ses descendants se situant plus au nord et les femmes et membres célibataires à l’ouest. Cette orientation reflète la cosmologie locale. Les funérailles comportent plusieurs étapes. Le premier rituel implique l’abattage d’un zébu appelé ombilahy ; sa viande est partagée avec l’ensemble des participants en signe d’unité. D’autres sacrifices suivent, et les cornes des zébus sont placées sur la tombe.

Les aloalo sont ornés de motifs géométriques et de sculptures de zébus, d’oiseaux ou de figures humaines. Selon l’historien Alexander Bortolot, ces poteaux incarnent l’interconnexion de la vie et de la mort : les motifs sculptés suggèrent la régénération et les figures symbolisent la fertilité. Les poteaux sont plantés dans de grandes tombes en pierre qui émergent du maquis, et des dizaines de cornes de zébus sacrifiés sont disposées dessous. Les aloalo plus récents peuvent représenter des objets modernes tels que des voitures, des avions ou des bateaux, évoquant un événement marquant de la vie du défunt. Certaines funérailles princières nécessitaient la mise à mort de plus de mille bœufs, six mois de préparation et la confection d’une quarantaine d’aloalo.

La signification spirituelle de ces poteaux funéraires a suscité de nombreuses interprétations. Certains chercheurs y voient une référence à la lune ou à la navigation, d’autres y lisent un moyen de glorifier le zébu. Quoi qu’il en soit, ces sculptures demeurent un symbole de l’identité Mahafaly et constituent l’une des expressions les plus remarquables de l’art malgache.

Culture du Royaume Mahafaly

Variantes régionales et influences modernes

Le système funéraire a évolué au cours du XXᵉ siècle. Les poteaux et les tombeaux, autrefois réservés aux familles royales, se sont généralisés à des lignées plus aisées. Les tombes traditionnelles étaient construites en pierre et surmontées d’aloalo sculptés de figures humaines et animales. Des familles aisées ont opté pour des tombes en béton avec des fenêtres en verre et des peintures vives, surmontées de miniatures d’avions, de taxis ou d’animaux.

Aloalo l'un des symboles du Royaume mahafaly
Aloalo l’un des symboles du Royaume mahafaly

 

Les convertis au christianisme ont parfois remplacé les aloalo par des obélisques en ciment ornés de croix et de noms. Toutefois, les aloalo restent présents et sont aujourd’hui recouverts de peintures ou d’huile pour les protéger des intempéries.

L’ethnologue Ramdas Iyer note que la construction d’une tombe fastueuse peut ruiner une famille Mahafaly. Chaque clan doit acheter les aloalo et les matériaux auprès d’un groupe spécialisé et rémunérer ces services en zébus et en nourriture. La collecte des pierres (vatolahy) incombe au fils aîné, tandis que les filles se chargent d’obtenir les aloalo et les zébus à sacrifier. La construction d’une tombe et l’organisation des cérémonies peuvent durer plus d’une année. Pendant tout ce temps, l’épouse du défunt doit rester auprès du corps, ce qui reflète la continuité entre la vie et la mort.

Un dicton local affirme que les Mahafaly ne travaillent que pour leurs morts. Cet adage traduit l’investissement émotionnel et économique consenti pour honorer les ancêtres. Les tombes les plus riches sont souvent construites près des routes afin d’être admirées et d’attirer l’attention des passants. Malgré la fierté qu’elles suscitent, leur entretien reste irrégulier en raison du coût élevé et des difficultés économiques.

Organisation familiale et rôle de la famille

La famille est le pilier de la société Mahafaly. Les fils construisent leurs maisons à proximité de celle de leur père, garantissant la cohésion du groupe. Lorsqu’une femme se marie, elle rejoint le foyer de son époux. Les divorces sont rares ; si une séparation survient, la garde des enfants revient au père. La polygamie existe encore dans certaines familles, notamment chez les éleveurs disposant de grands troupeaux.

Chaque membre de la famille joue un rôle précis dans les rituels. Lors des funérailles, le fils aîné est chargé de rassembler les pierres et de négocier avec les artisans, tandis que les filles s’occupent des offrandes et des préparatifs culinaires. Les enfants participent à la confection des linceuls et apprennent dès leur plus jeune âge les chants et les danses associées aux cérémonies.

L’importance de la parenté s’exprime également dans la gestion des ressources. Les troupeaux sont considérés comme une propriété collective. Les jeunes garçons gardent les zébus, et les hommes adultes cultivent les champs et organisent les transhumances. Les femmes, quant à elles, travaillent au jardin, préparent les repas, puisent l’eau et fabriquent des objets artisanaux. Les décisions importantes comme le mariage, la construction d’une maison ou le déplacement vers de nouveaux pâturages sont prises en assemblée familiale

Langue et identité culturelle

Les Mahafaly parlent un dialecte du malgache appartenant au groupe linguistique malayo‑polynésien. La langue comporte des particularités lexicales liées au monde pastoral et à l’environnement aride du sud. Par exemple, plusieurs termes désignent les différents types de zébus selon leur âge ou leurs cornes. La transmission orale est primordiale ; les histoires des ancêtres, les légendes et les chansons sont apprises par cœur et récitées lors des veillées ou des cérémonies. Les chants liés aux funérailles et aux aloalo occupent une place de choix, car ils accompagnent les rites et permettent de transmettre l’histoire familiale.

Le dialecte Mahafaly est aussi marqué par de nombreux tabous linguistiques. Lorsqu’un roi meurt, son nom devient tabou et doit être remplacé par un autre terme, pratique appelée anaratahina. Ce changement linguistique reflète le respect envers le défunt et la crainte de l’offenser.

Vie quotidienne et culture matérielle

La vie quotidienne des Mahafaly est rythmée par les saisons et les déplacements des troupeaux. Les maisons traditionnelles sont construites en bois, en végétaux et en terre. Elles se composent d’une pièce commune abritant le foyer et d’un grenier suspendu où l’on stocke le manioc et le maïs. Les toits sont recouverts de feuilles de ravenala ou de chaume. Les maisons modernes intègrent parfois des matériaux comme la tôle ondulée.

Village Mahafaly
Village Mahafaly

Les Mahafaly pratiquent une agriculture de subsistance diversifiée. Outre le manioc et le maïs déjà mentionnés, ils cultivent des courges, des haricots et des arachides. Les jardins potagers fournissent les légumes et les herbes médicinales nécessaires à la cuisine et aux soins. Dans les zones proches des rivières Onilahy et Menarandra, la pêche complète l’alimentation. Certaines familles plantent des vergers de papayes, de manguiers et de tamariniers qui apportent des fruits lors de la saison des pluies.

L’artisanat occupe une place importante. Les hommes sont réputés pour leur maîtrise de la forge et de la fabrication d’outils agricoles et de bijoux. Certaines lignées sont spécialisées dans la collecte de miel, activité dangereuse qui nécessite de monter dans les arbres épineux du plateau. Les femmes excellent dans le tissage de paniers et de nattes et dans la préparation de textiles en coton et en fibres végétales. Les objets tressés servent à stocker le grain, à transporter les aliments et à fabriquer des nasses pour la pêche.

Rites d’exhumation et cycle des ancêtres

Outre l’enterrement, la culture Mahafaly, comme d’autres cultures malgaches, pratique le retournement des morts. Tous les cinq à sept ans, les familles procèdent à l’exhumation des ancêtres pour les envelopper dans de nouveaux linceuls et célébrer leur mémoire. Ce rituel, appelé famadihana dans le reste de Madagascar, revêt néanmoins des particularités locales chez les Mahafaly. Le tombeau est ouverts, les ossements sont nettoyés et recouverts de tissus neufs avant d’être replacés. Des chants et des danses animent la cérémonie, et des zébus sont sacrifiés pour honorer les ancêtres.

Cette pratique renforce les liens familiaux et rappelle que les morts restent présents parmi les vivants. Le fait de renouveler les étoffes et d’entretenir la tombe symbolise la continuité entre les générations. Les aloalo sont parfois réparés ou repeints à cette occasion. Il est intéressant de noter que la communauté internationale associe souvent ce rite à la culture Merina du plateau central, mais les Mahafaly possèdent leurs propres formes de retournements et d’adoration des ancêtres, témoignant de la diversité des pratiques funéraires à Madagascar.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *